CR LE VIGEANT 2015!

Bon, avec cette manche du Vigeant, on va en savoir un peu plus sur ce que cette RSV4 2015 a dans le ventre. Les deux runs effectués à Misano et les quelques tours de rodage à Issoire n’offrant qu’une vue très incomplète du bestiau. Quelques caractéristiques émergent cependant : Le châssis est de la même veine que ses prédécesseurs et on retrouve un comportement qui ne laisse aucun doute sur la nature de la moto, on est bien aux commandes d’une Diva! Bonne surprise : ça freine fort et les problèmes récurrents rencontrés la saison dernière dans ce secteur semblent résolus. Enfin, et c’est l’élément le plus excitant, il y a incontestablement plus de monde  à bord ! Alors qu’il ne se passait plus grand chose avec l’ancienne une fois passée la 6, là, le machin continue à prendre allègrement les tours. S’ajoutant à un couple bodybuildé, cela laisse augurer de bonnes choses et c’est avec l’œil pétillant que j’installe la moto dans la remorque pour ce qui sera sa 1^ère course.

Vendredi matin, le choix est fait de partir en FP1 complètement stock c’est-à-dire avec la démul d’origine et en Supercorsa. A noter qu’en raison d’un diamètre de collecteur différent, il est impossible de monter l’Akra 2014. Faute d’avoir pu trouver une solution à temps, nous roulerons avec l’échappement d’origine .

Au bout de 3 virages, je me rends compte que nous sommes hors sujet et les rumeurs selon lesquelles les nouveaux étagements de boîte rendent la démultiplication d’origine beaucoup plus  cohérente en usage  piste sont infondées :  Je fais presque tout le circuit sans passer la 4 et la moto dandine tout ce qu’elle peut dans les phases de freinage et d’accèl. En dépit de ces approximations, on entrevoit quelque chose d’intéressant car on n’est pas trop largué au chrono…

Mais la clé à choc s’impose et c’est allégé d’une dent au pignon que nous allons reprendre la piste l’après-midi. Autre modif : exit le Supercorsa , bienvenue au Diablo SBK. Après quelques tours de précharge assortis de plusieurs clics à l’avant et à l’arrière, c’est parti pour la FP2. D’emblée, nous capitalisons les changements apportés car le feeling avec la moto est bien meilleur et du coup, les chronos descendent  gentiment. Je constate également que personne ne me double dans les bouts droits, situation inédite et de bon augure pour la suite.

La fin d’après-midi est consacrée à un check up complet de la moto qui est vidangée, une attention toute particulière étant portée aux serrages. Dans la soirée, la Super Diva est prête pour la Q1 du lendemain matin.

Samedi matin, météo idéale : soleil, température agréable…objectif : continuer à faire progresser cette moto pour en exploiter le potentiel et si le chrono s’améliore, c’est top !

Une certaine sérénité accompagne ce week end de course et je parviens à évacuer la pression au gré d’un rituel désormais bien réglé et c’est détendu que je prends la piste. La moto me donne satisfaction et je sens que le rythme est supérieur aux runs de la veille mais je gère moyennement le trafic et gâche inutilement mon capital pneu. Je suis plutôt agréablement surpris de ma 11^ème place lorsque je rentre au stand à mi-séance.  Je ressors déterminé à améliorer lorsqu’un drapeau rouge vient contrarier cette ambition…les minutes passent et il est de plus en plus évident que si la qualif repart, ce sera pour un tour ou deux…que je vais une fois de plus mal utiliser en reprenant la piste au mauvais moment : je rétrograde à la 13^ème place ce qui occasionne une certaine frustration car j’ai le sentiment de plus en plus net que notre potentiel augmente à chaque fois que la moto sort et que nous pouvons légitimement viser un meilleur classement.

La course 1 du samedi après-midi va nous en donner l’occasion. Je suis 4^ème ligne exter, ce qui est plutôt une bonne chose car cela doit en principe m’éviter de me faire « coincer » au premier virage. A l’extinction, ma mise en action est bonne et je suis tout de suite dans le bon wagon dont je ne dois absolument pas perdre le contact. Mais si je ne souffre pas trop de la comparaison sur les entrées et les accèl,  je pêche par une vitesse de passage insuffisante et petit à petit, je perds le contact. Parfaitement panneauté et bien aidé par la puissance de ma moto, j’adopte une stratégie de course défensive  pour conserver ma place de 10^ème qui, au gré des différents faits de course, me laisse entrevoir l’objectif tant recherché depuis plusieurs saisons. Mais je dois surveiller ce diable de Manu Dagault qui est menaçant et je me concentre au maximum pour ne pas commettre de faute… Après des minutes qui me parurent des heures, le damier s’agite enfin devant moi synonyme de délivrance et de grande joie d’avoir enfin intégré le top 10, joie partagée au moment de retrouver les amis lors du retour au box qui m’avouent avoir cessé de respirer dans les derniers tours !

Quoiqu’il arrive, cette manche du Vigeant est réussie  et c’est encore plus détendu et serein que je me prépare pour la Q2 du dimanche matin. L’euphorie de la veille a laissé place à de la détermination et c’est ultra motivé que je m’élance en piste. Comme à chaque fois depuis le début du weekend, le rythme est meilleur que lors du run précédent et j’ai la chance de bénéficier d’une piste libre…Aux sourires des potes à mon retour au box, je comprends qu’on a fait un truc pas mal, et c’est de la 9^ème place sur la grille que je m’élancerai pour la course de l’après midi, top !

Malheureusement, dans la 1^ère course Superbike,  notre pote et co-loc Emilien Jaillet est victime d’un crash très violent nécessitant une évacuation par hélicoptère. L’inquiétude est très grande jusqu’à ce que nous recevions des nouvelles rassurantes : quoique grave, son état n’engage pas de pronostic vital et le programme du dimanche reprend progressivement son cours. Avant de partir, Alexandra, la compagne de Mimil me glisse : « roule pour Emilien ! » Ces mots font mouche et ma détermination est décuplée pour la 2^ème course, dernière échéance du week end. Mais il y a un souci : je suis cette fois placé à l’intérieur et il va falloir jouer des coudes pour ne pas se laisser enfermer comme dans une nasse dans le 1^er virage. Au moment de me positionner sur la grille de départ, je me laisse déconcentrer par la grid girl tenant le panneau L3 et je dépasse ma place de quelques mètres, je dois descendre de machine pour reculer et me placer correctement…séquence le boulet!

Nous voilà sous les ordres du starter…le commissaire armé du drapeau rouge évacue la piste, 1^ère enclenchée…allumage des feux, montée en régime…EXTINCTION !

Je réagis très vite et j’ai le sentiment de prendre un très bon départ qui me permet de me positionner idéalement dans le 1^er virage…je défends vigoureusement  ma place dans les deux courbes qui suivent et lorsque je porte le regard un peu plus loin, je constate qu’il y a peu de motos qui me précèdent ! Deux ou trois pilotes se seraient ils échappés dès les premiers mètres ? Mon panneau balaie cette hypothèse en m’affichant un P6 surréaliste !!! Mais le temps n’est pas aux doutes existentiels car derrière, ça klaxonne ! Fort de l’expérience de la veille, je parviens mieux à garder  le rythme des leaders, je donne le maximum, ce faisant j’améliore mon  meilleur chrono et durant l’essentiel de la course, je reste abonné à cette 6^ème place. Mais derrière, il y a un Manu revanchard et mon panneau m’informe qu’il est dans mon sillage, pas encore en position d’attaque mais en embuscade à une seconde !

Je donne tout pour conserver mon rang et en 47 régul, ça peut passer en dépit de la chaleur et de tours qui ne s’égrènent que trop lentement…mais en fin de course, j’effectue un mauvais tour et il n’en faut pas plus à Manu pour me doubler de manière imparable…à peine ai-je le temps de réaliser,  que Vianney Pirron revenu de nulle part me passe à son tour. Un peu abasourdi par ces deux attaques, je réagis pour conserver cette place qui reste la meilleure que je n’ai jamais réalisée et après 2 derniers tours sans histoire, je franchis la ligne d’arrivée à la 8^ème place !

Dans le camp Volka, c’est l’euphorie ! En un seul week end, nous  signons deux résultats après lesquels nous courions depuis deux ans ! Attachés aux valeurs liées au dépassement de soi et au refus d’abdiquer, nous recueillons les fruits d’un travail de longue haleine. Au-delà du résultat, nous tirons également une grande satisfaction de l’arrivée de la nouvelle moto : en la faisant évoluer tout au long du weekend, nous en avons été dignes et fait d’elle une concurrente très efficace dont le potentiel est encore à découvrir…rendez-vous est donc pris à Ledenon pour la suite de ses aventures !

J’adresse un grand merci à mes amis du team qui se plient en quatre pour que je sois dans les meilleures dispositions possibles non seulement durant les weekends de course mais également durant toute la saison, merci également à Jacques Maury pour les photos, ainsi qu’à tous les gens qui rendent cette aventure possible : amis, bienfaiteurs, partenaires, sympathisants…Clin d’œil à Pablo, Eric et à tout le staff du box, pensées à Mimil…

Je leur dédie ce résultat…

Volkanikement !